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#1 26-06-2012 09:47:59
- Sandre
- =Elève=
- Inscription : 18-10-2011
- Messages : 12
Ma pratique martiale sous l’éclairage de Jean François Billeter et son
Tchouang-tseu avec Lao-Tseu, est un fondateur du « Taoïsme philosophique » avant l’an 300 de notre ère il recherchait « ce que peut véritablement le corps » à partir de l’étude des gestes mêmes les plus ordinaires. Il parvient à un résultat sur ce que l’on peut lorsque l’on crée, agit ou imagine. Le philosophe Jean François Billeter reprends l’étude patiente et humble de cette recherche qui sert à éclairer notre expérience commune : « Quelles sont les étapes d’un apprentissage, qu’elle est la nature du geste ? Comment accède-t-on à une activité spontanée… »
Il part du corps pour redéfinir le sujet et ouvrir de nouveaux champs d’action laissés en friche par la pensée occidentale. Notamment pour traduire le mot « tao » il parle du « fonctionnement des choses », ou « acte » ou « ressort de l’action » parfois « méthode ». Il dit que : « Notre activité est perfectible et son perfectionnement modifie notre rapport au monde » et à nous même…
Il est vrai que les arts martiaux sont un exercice de perfectionnement de soi en ce sens que l’homme n’est pas qu’un être de volonté, de contrôle, de savoir, il passe par le vide, ce détour où il ne sait plus rien, par l’indéterminé et par le corps d’où finalement surgissent de nouvelles synthèses.
Aussi il analyse ainsi que lorsqu’un maître fait une démonstration, pour ma part (première année) lorsque les professeurs ou même certains élèves font une démonstration, leurs actions paraissent fantastiques : Fluidité, souplesse, rapidité, maitrise, énergie et bien d’autres qualificatifs viennent dépeindre des mouvements incroyables qui résultent d’une activité auquel tout spectateur n’accède pas lui-même. Pour la pratiquante que je suis, qui aime sa pratique, cela exerce une action très bénéfique. La vue de ce travail unifie ma propre activité surtout si je répète après eux ou en même temps qu’eux. Cela permet que mes gestes soient portés à un degré d’intégration dont ils n’ont pas l’habitude d’accéder pour paraphraser François Billeter. En suivant leurs propres gestes, ils m’élèvent « relativement parlant » à un régime supérieur. Je citerais François Roustang (thérapeute) qui évoque les « régimes supérieurs ou inférieurs de l’activité » pour décrire le passage d’un état de conscience à un autre. Quand nous parvenons à combiner des mouvements de manière à ce qu’ils produisent un seul geste et que ce geste devient naturel. Nous avons effectué ce passage. Tout d’abord, il a fallu exercer un contrôle sur chacun de nos mouvements et faire preuve de volonté puis tout cela a disparu et nous sommes comme délivrés de l’intention consciente. Pensez à toutes les heures de travail et les étapes nécessaires pour l’accomplissement d’un enchainement codifié dans tel ou tel art martial pour devenir un expert. Je pratique le plus souvent possible et notamment en visualisant le plus de fois possible les enchainements afin de m’en imprégner et de ressentir le formidable miracle de m’y sentir bien. Longtemps, certains actes me paraissent hors de portée : je suis maladroite, gauche, confuse, contrariée… et parfois je les accomplis à mon grand étonnement et pour mon plus grand plaisir. C’est parce que je suis passée à « un nouveau régime de fonctionnement ». Les sentiments que nous éprouvons peuvent aussi bloquer notre pratique, faire le vide est une chose difficile, mais essentielle à la réalisation d’une bonne coordination (ce, entre autres choses, pour quoi les professeurs ne cessent de répéter : le regard !)
J’aime cette vision des choses qui me permet de pouvoir mieux d’écrire ce que j’ai et vais ressentir mainte fois et que tous les autres élèves ont ou vont ressentir aussi. L’art martial c’est aussi une philosophie, une sagesse par laquelle je vous souhaite (et me souhaite) encore plein de découvertes …
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#2 26-06-2012 18:06:03
- Autunm
- =Elève=
- Lieu : Aix en Provence
- Inscription : 15-08-2009
- Messages : 45
Re : Ma pratique martiale sous l’éclairage de Jean François Billeter et son
Tiens ?
Il y a une épreuve "Art Martiaux" au Bac ?
Héhé
Je suis ravie de lire pas mal de choses en lesquelles je crois aussi.
Par contre, je ne suis pas d'accord avec un petit point par là :
"Pensez à toutes les heures de travail et les étapes nécessaires pour l’accomplissement d’un enchainement codifié dans tel ou tel art martial pour devenir un expert"
L'accomplissement de l’enchaînement codifié n'est pas une fin en soit. Les enchaînement codifiés sont développés par les professeurs comme bases sur lesquelles travailler.
L’enchaînement codifié est un outil.
Et comme un artisan qui évolue toujours, notre but est d'évoluer dans notre art à l'aide de ces outils.
Une fois l'outil pris en main, le travail commence
Dernière modification par Autunm (26-06-2012 18:08:55)
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#3 26-06-2012 21:10:30
- LuDoSaNe
- =Professeur=
- Inscription : 30-10-2006
- Messages : 158
Re : Ma pratique martiale sous l’éclairage de Jean François Billeter et son
Je suis heureux de lire ce genre de message de partage d’expérience, et je t'en remercie Sandre.
Il est toujours difficile de mettre des mots sur les sensations et émotions ressenties dans notre pratique.
Beaucoup de choses se passe à l'intérieur (bien que l'on appel ça Art Externe!!) et l'exprimer de la façon dont tu le fais démontre ce travail intérieur, la transformation qui s’opère en nous dans le temps. La philosophie prend une place importante dans le Yangkido alors débattre et échanger sur ces sujets me semble faire parti de l'apprentissage. Cela permet d’éclairer celles et ceux qui ont du mal a exprimer ces sentiments qui je penses sont commun a tous lorsque l’on est investit par la pratique.
J'ai en tête une phrase de Blaise pascal qui dit : « Deux choses instruisent l'homme de toute sa nature : l'instinct et l'expérience. "
La démonstration que tu fais au travers de ton expérience nourrit cette phrase de tout son sens. En effet nous sommes doté d’un patrimoine inné transmis par nos ancêtres, aussi le travail d’accomplissement personnel dans la recherche de la perfection du geste et du mouvement vient complété cette instinct qui nous anime. Tel le yin et le yang, l’un ne va pas sans l’autre et ce sont ces deux aspects qui déterminent notre nature individuelle, dessine notre chemin, notre voie, le « DAO ».
Fabien tu as raison quand tu précises que les « Quyen » sont des outils pédagogiques, et j’élargis même ce champ au Yangkido dans son ensemble. Il n’en est pas moins vrai que ces outils nous permettent comme le dis si bien sandre, une élévation par l’intermédiaire d’étapes (CAP) a franchir et indispensables pour améliorer son mouvement, et par la même dynamique, son esprit. Effectivement l’enchaînement codifié n’est pas une fin en soi, mais le chemin parcouru pour passer du contrôle mental de chaque mouvement, à l’application fluide et « instinctive » de ces mouvements codifiés participe à l’accomplissement de l’être.
Ces transformations sont complexes et le travail commence dès le début de l’apprentissage. Chacun peut d’ailleurs constater que le mouvements qui semblaient si difficiles lorsque inconnus paraissent si naturels après des heures de travail et les étapes nécessaires franchies. Ce sont notre volonté, notre intention et notre persévérance qui permettent ces transformations.
Ce que montre le maître, les professeurs et les anciens élèves n’est que le fruit de ce travail de transformation. L’observation et l’imitation que le pratiquant apprenti met en oeuvre pour reproduire les gestes sont des composantes inévitables de la transformation.
Chaque être est unique et c’est en cela que malgré la codification du mouvement, chaque pratiquant doit mettre son âme et sa personnalité a l’exercice. Cela rend le même geste différent d’une personne à l’autre.
Expérimentez ce travail de codification en répétant et répétant et répétant encore malgré les barrières physiques et psychiques et a terme faites le vide, et votre instinct conduira le geste et déterminera votre nature profonde. L’amour est enfoui en chacun de nous et l’équilibre entre l’instinct et l’expérience révèle ce sentiment ; c’est la le véritable but de l’art martial a mon sens.
Sandre : J’aimerais disposer de tes sources qui t’ont conduit à ce raisonnement, merci de nous en faire part.
Merci encore pour le beau message véhiculé
N’hésitez pas à faire commentaires de ce débat et ouvrez d’autres champs de discussion
Salutations martiales
ludo
« Le chemin de l’art martial authentique est une voie éducative, celle de l’équilibre, de la paix et de la non violence »
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#4 30-06-2012 13:01:21
- Sandre
- =Elève=
- Inscription : 18-10-2011
- Messages : 12
Re : Ma pratique martiale sous l’éclairage de Jean François Billeter et son
Une épreuve "Arts Martiaux" au Bac je pense que beaucoup en rêvent et les professeurs aussi, car au travers d’une pratique les questions affluent et ouvrent la réflexion de chacun, tout le but de la philosophie non ?
Merci pour vos retours : apprendre c’est se nourrir pour grandir encore
J’ai encore pleins de questions, mais d’abord la source de tout ça : « Philosophie magazine » numéro 45 de janvier2011 : avec l’article « Éclairer notre expérience la plus commune », qui m’a permis de mettre des mots sur ma propre expérience et de de découvrir Jean-François Billeter qui a notamment écrit (pour ceux qui désir approfondir le sujet) :
« Leçon sur Tchouang-tseu » (Allia, 2002) Dans cette entrée plus accessible à ses écrits, Billeter étudie certains textes attribués au philosophe chinois et en tire des découvertes sur l’apprentissage, les régimes d’activités ou le nécessaire passage par la confusion.
« Etudes sur Tchouang-tseu » (Allia, 2004) Billeter y reprend et développe les thèmes des Leçons… et met au jour les rapports entre l’hypnose thérapeutique et la pensée de Tchouang-tseu
« Essai sur l’art chinois de l’écriture et ses fondements (Skira, 1989, rééd Allia, 2010) S’appuyant sur la tradition calligraphique chinoise, il reconsidère les vues sur le corps créateur et sur l’art.
« Notes sur Tchouang-tseu et la philosophie » Il développe sur la question : Comment l’homme est-il capable de commencement ?
Promis je fais plus lisible pour la suite et des titres plus courts c’était en fait : Ma pratique martiale sous l’éclairage de Jean François Billeter et son étude de Tchouang-tseu
Je garde particulièrement : « Une fois l'outil pris en main, le travail commence »,
« Deux choses instruisent l'homme de toute sa nature : l'instinct et l'expérience. »,
« L’application fluide et « instinctive » des mouvements codifiés participe à l’accomplissement de l’être. »,
« Chaque être est unique et c’est en cela que malgré la codification du mouvement, chaque pratiquant doit mettre son âme et sa personnalité a l’exercice. »,
« L’amour est enfoui en chacun de nous et l’équilibre entre l’instinct et l’expérience révèle ce sentiment »,
de quoi alimenter ma réflexion pour longtemps, merci.
Respectueuses salutations martiales à vous tous
Sandre
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#5 04-07-2012 21:30:13
- LuDoSaNe
- =Professeur=
- Inscription : 30-10-2006
- Messages : 158
Re : Ma pratique martiale sous l’éclairage de Jean François Billeter et son
Merci pour tes sources sandre
« Le chemin de l’art martial authentique est une voie éducative, celle de l’équilibre, de la paix et de la non violence »
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